Pour ceux qui ne l’auraient pas lu, voici un magnifique article d’Étienne de Montety dans le Figaro :
« Aux yeux de nos contemporains, qu’est-ce qu’un prêtre en 2023? L’homme d’une institution qui, si elle connaît son cap, cherche sa route et sa façon d’être dans la société moderne, à la fois morcelée et ultra-connectée, de ce début de millénaire. Un homme dont la vie ne laisse pas de les étonner, surtout s’il est jeune.Le prêtre est célibataire et vit modestement dans une époque qui a déifié la sexualité et laissé l’argent régner en maître. C’est en apparence un serviteur de l’inutile, dans une société qui idolâtre la réussite et l’efficacité. Bien sûr, les hommes et les femmes de notre temps prônent des «valeurs», une morale émerge, mais lui est porteur d’un autre feu, plus ardent. Il ne prêche pas le bonheur pour ici-bas, encore moins le bien-être à la manière d’un influenceur installé à Dubaï. La Bonne Nouvelle qu’il est chargé d’annoncer n’est guère «instagrammable»: elle parle de la mort, cette réalité que nos contemporains détestent parce qu’elle les renvoie à leur finitude, elle a le visage d’un homme en sang, crucifié au poteau de l’infamie, dont il annonce à Pâques la résurrection, celle du Fils de Dieu.Quel est le quotidien du prêtre d’aujourd’hui? Un seul-en-scène à succès, actuellement à l’affiche, Monsieur le curé fait sa crise, pointe avec humour, mais réalisme, les tiraillements qu’il subit, pris entre des paroissiens obnubilés par leurs marottes pastorales, liturgiques ou architecturales et un évêque trop prudent, quand il n’est pas trop distant. Marginalisé à l’extérieur, bousculé à l’intérieur…Mais, alors, qu’est-ce qui le fait tenir, qu’est-ce qui le fait vivre? Un miracle. Un miracle qui émerveillait le curé de campagne de Bernanos, celui de mains «qui peuvent faire présent de ce qu’elles ne possèdent pas». Même imparfait, raillé, découragé, il suffit qu’un prêtre bénisse, qu’il élève l’hostie, qu’il donne l’absolution ou, plus simplement encore, qu’il apporte au premier venu une parole d’espérance dans un monde qui en a fait le deuil pour que lui, qui est devenu un signe de contradiction dans notre temps, se trouve d’un coup justifié. »